Appel à communication

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Pour soumettre une proposition de communication : lire l'appel général à communications (téléchargeable ci-dessus) pour vous positionner sur une thématique, puis télécharger le fichier-modèle et soumettre la proposition en ligne au plus tard le 11 mai 2018, sur la page "Déposer une contribution"

En cas de problème, vous pouvez contacter les organisateurs du colloque par mail :
riodd2018@sciencesconf.org

 

Calendrier Congrès RIODD 2018

Échéances :

Dates limites :

Dépôt des projets de sessions spéciales

Jusqu’au 10 février 2018

Décision du Comité Scientifique

28 février 2018

Dépôt des propositions de communication

Du 3 mars au 11 mai 2018

Décisions du Comité Scientifique

15 juin 2018

Réception du texte final de la communication (transmis aux discutants)

30 septembre 2018
(conditionne l’inscription au programme du Congrès)

Congrès

16-18 octobre 2018

 

Voici plus d’un demi-siècle qu’est posée la question de la « social responsability of businessmen », notamment [Bowen : 1953] face à l’engouement de la jeunesse américaine pour des projets de société alternatifs au désir d’accumulation matérielle qui alimente le capitalisme et ses dégâts sociaux et environnementaux. Voici aussi plus d’un demi-siècle que, à partir de terrains variés et pour nourrir des projets très divers, se précisent des analyses critiques des systèmes économiques capitalistes et industrialistes, depuis les travaux de Barry Commoner [1971], Nicholas Georgescu-Roegen [1979] ou du Club de Rome [Meadows : 1972], sans parler de l’analyse de la responsabilité des gouver­nements d’entreprise dans la persistance du chômage de masse, l’évolution des inégalités, de la précarité, etc.

Rien n’aurait-il donc changé ? Mais alors que dire des évolutions des relations professionnelles, du développement des énergies renouvelables ou du devoir de reporting social et environnemental en droit français ou européen ? Est-ce à dire que ces changements – loin d’être anodins – dans la conduite stratégique et opérationnelle des entreprises auraient seulement permis que rien d’essentiel ne change ? Ou, pour reprendre l’expression de Boltanski et Chiappello [1999], la capacité du capitalisme à digérer sa propre critique bloquerait-elle des bifurcations structurelles vers de nouveaux modes de production et équilibres de pouvoirs pour les porter ? Si seules sont mises en œuvre des actions de développement durable améliorant la profitabilité d’une société commerciale, cela ne pérennise-t-il pas le système économique ayant engendré les problèmes que le développement durable est censé résoudre ? Ce diagnostic ambivalent suscite deux questions centrales que le comité scientifique souhaite approfondir :

  • Comment caractériser, évaluer, voire mesurer un changement social structurel ? S’il paraît « facile », avec le recul du temps passé, de distinguer des régimes, des régularités, des ordres, et identifier des crises, des révolutions, des innovations radicales, etc., quelles méthodes pour l’analyse du temps présent ? Comment distinguer une mode et une tendance potentiellement structurante ? Comment identifier des irréversibilités ?
  • Comment produire du changement irréversible vers un développement plus durable ? S’il paraît « facile » avec le recul du temps passé, d’identifier les acteurs, les règles, les instruments, les principes d’action qui ont produit des changements institution­nels, quelles pratiques efficaces aujourd’hui pour innover structurellement (développer de nouvelles habitudes de consommation, de nouveaux modèles d’investissement, rompre avec un régime d’accumulation et des structures de pouvoirs, etc.) ? Comment caracté­riser, évaluer la force des résistances et des engagements dans de nouvelles pratiques : attitudes, motivations intrinsèques ou extrinsèques, représentations sociales, en même temps que ressources matérielles (juridiques, économiques, managériales…) pour argumenter ou agir ?

Sur ces questions, nous invitons à soumettre des contributions présentant selon le cas un état des savoirs et des problématiques, une argumentation conceptuelle ou empirique, à partir de travaux en cours ou de résultats déjà produits. Le comité scientifique espère notamment des synergies disciplinaires pour dépasser des oppositions binaires plus idéologiques que scientifiques entre volonté et contrainte, motivation intrinsèque et extrinsèque, individu et collectif, liberté et règle (ou norme), rationalité et affects, action et structure institutionnelle…

Ces questions pourront se décliner à partir de recherches portant sur des champs d’action, des secteurs économiques, des territoires, des cultures historiquement et géographiquement situées. L’objectif est d’en tirer des éléments de réponse pour la compréhension du monde et pour la conduite pratique de projets de développement au niveau d’actions collectives (entreprises, administrations, associations…) ou personnelles. À titre d’exemple, voici quelques thématiques possibles :

Thématique 1Que sait-on des conditions d’engagement dans un changement de comportement en matière de production ou de consommation ? La promotion de « bonnes pratiques » suffit-elle ? Par quels processus, à quelles conditions une conduite marginale (par exemple la frugalité) devient-elle la norme ? Quels sont les instruments d’une gouvernance politique des consommateurs, de l’entreprise ? Quel peut être l’apport des théories de l’engagement en psychologie sociale, des sciences de l’éducation, de la sociologie des mouvements sociaux… ?

Thématique 2. Que sait-on des conditions nécessaires à la pérennisation d’une inno­vation sociale ? Jusqu’où une motivation personnelle (éthique, désir, conviction…) résiste-t-elle à des contraintes sociales (dette financière, pouvoir de marché…) ? Cf. par exemple les travaux sur les architectures institutionnelles de communs (Ostrom…), de modes de régulation nationaux (Amable, Boyer…), de droits (Delmas-Marty, Supiot…), de réalisation d’une justice sociale (Smith, Fraser, Honneth…), au-delà des seules conditions de valorisation économique au niveau d’une entreprise ou d’une économie nationale [Chanteau et al : 2017].

Thématique 3. Que sait-on des logiques de résistance ou d’engagement dans le chan­ge­ment ? Ainsi, comment les climato-sceptiques ou les adeptes de la théorie du complot en matière de développement durable parviennent-ils à entretenir une controverse face à la robustesse de faits scientifiquement établis ? Que nous dit la tension entre universalisme (une gouvernance globale d’un « monde commun ») et localisme (la souveraineté des communautés sur leurs écosystèmes territoriaux) – parfois instrumentalisée : élites mon­dialisées, patriotisme exacerbé (« my country right or wrong ») – ? Pourquoi des personnes se déclarant conscientisées reproduisent pourtant leurs habitudes de consommation ou leurs routines de production ? Comment les sciences sociales et humaines peuvent-elles éclairer ces attitudes apparemment paradoxales ? Quel poids accorder à des facteurs situationnels, liés par exemple aux effets de réseau, de groupe culturellement homogène, de dispositifs institutionnels ?

Thématique4. Comment penser la contribution des sciences humaines à l’éducation au développement durable ? Au plan épistémologique, l’éducation au développement du­rable a ceci de problématique que les savoirs transmis y sont toujours en même temps des normes visant la rectification de pratiques existantes jugées insatisfaisantes [Barthes et al : 2017]. Comment dès lors coordonner les exigences épistémiques des sciences humaines visant à établir ce qui est, avec la normativité d’une éducation au développement durable recherchant l’institution de ce qui doit être ? Au-delà des aspects épistémologiques, sont donc particulièrement attendues des communications examinant jusqu’où un apprentissage social peut conduire à une modification durable des pratiques, sans passer par pertes et profits la réflexivité [Dewey : 1910], l’attention [Citton : 2015] et l’esprit critique [Fabre : 2011] des élèves. Ce questionnement éclaire aussi les enjeux du nudging, du paternalisme en politique ou dans l’entreprise, etc., et la régulation de ces pratiques.

Thématique 5. Quelle conception de la responsabilité sociale dans les réglementations ? Comment le positionnement des autorités, privées ou publiques, de régulation affecte-t-il les choix des acteurs économiques en matière de responsabilité sociale ? Par exemple, quels effets attendre des tendances antagonistes qui se dessinent en droit international entre des méga-traités minimisant les contraintes sociales et environnementales pour le commerce et l’investissement et certains traités bilatéraux (ex. Nigeria/Maroc en décembre 2016) plus exigeants ? De manière générale, face à la non-performativité de la plupart des règles juridiques, quels peuvent être l’instrumentation des politiques publiques, le rôle du juge, du médiateur, de l’arbitre dans un cadre réglementaire où hard law et soft law interagissent de plus en plus, mais différemment en droit interne et en droit international ? Quels enjeux pour la juridicisation et la judiciarisation de la RSE [Martin-Chenut : 2017] ?

Thématique 6. Comment comprendre la place des revendications d’un libre-arbitre et d’individuation dans la sphère économique, et comment penser autonomie et régulations sociales ? S’agit-il d’un régime institutionnel des idées se développant avec la philosophie des Lumières ou « l’esprit » du capitalisme, ou d’une rupture en cours ? Comment se construisent socialement le désir « d’être son propre patron », de gagner plus « parce que je le vaux bien », le « paternalisme », etc. ? Réciproquement, quelle légitimité et efficacité de l’action collective (publique ou privée) dans le champ d’une entreprise ? Les positionnements sur ces questions ne marquent-ils pas les différentes conceptions de la RSE et n’affectent-ils pas le rapport à l’autorité, à chaque échelle d’organisation et de régulation sociale (entreprise, territoire, etc.) ?

Thématique 7. Quelles méthodes pour caractériser un changement institutionnel, no­tamment pour pouvoir distinguer entre diversité phénoménale et transformations structurelles ? L’abondance terminologique pour en rendre compte (bifurcation, chan­gement, crise, métamorphose, progrès, transformation, transition, innovation…) exprime-t-elle des effets de mode successifs, une lacune conceptuelle ou un enrichissement de la compréhension ? Comment chacun de ces concepts est-il caractérisé empiriquement ? Est-ce applicable aux pratiques qualifiées de développement durable ? Peut-on intégrer des apports en histoire, économie, ethnologie, psychologie, sociologie, droit, sciences politiques, etc. ?

Thématique 8. Comment prendre en compte les effets propres aux changements d’échelle (géographique ou sociale) dans la construction d’actions collectives, privées et publiques, transformatrices ou conservatrices ? Comment comprendre la réussite de doctrines, de formes d’actions qui apparaissent comme des « transferts », des « importations », mais aussi comme traductions, acculturations… – ainsi des monnaies locales ou complémentaires de Vancouver à l’Aude ou la Suisse, de la garden city (Milton Keynes) à la ville durable (Fribourg, etc.), de l’idée d’autogestion à celle de gouvernance partagée, etc. ? La théorie de l’isomorphisme institutionnel est-elle consistante ? Comment penser l’articulation efficace et intégratrice d’actions à différentes échelles (lutte contre le changement climatique, contre les discriminations sociales, etc.) ? Entrer dans un régime de « transition » (énergétique, écologique, solidaire) est-il facteur de changement structurel ?

Toutes les propositions de communication sur ces questions (liste non exhaustive), qu’elles soient d’ordre empirique ou conceptuelle, programmatique ou résultats de recherche, etc., seront examinées par le comité scientifique.

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